Date de réalisation : 22 septembre 2022
Jean-Baptiste Gernet de l’ADMA évoque quelques éléments liés aux enjeux des déplacements domicile – travail en France :
- 1/3 des actifs résident à moins de 5 km de leur lieu de travail (Insee, 2021),.
- 74% des actifs font ce déplacement en voiture, contre seulement 6% qui le font à pied et 2% à vélo (Insee, 2021).
La LOM de 2019 tente de faciliter la pratique du vélo pour les déplacements domicile – travail en mettant en place des politiques publiques plus incitatives pour l’usager comme pour l’employeur, avec notamment la prise en compte des questions de mobilité dans les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) ou avec la mise en place du Forfait Mobilité Durable (FMD).
Le déploiement des Challenges de Mobilité au sein des collectivités et des entreprises a pour objectif de créer un cadre ponctuel pour inciter à changer ses habitudes de déplacement et à inciter le temps du challenge – de 1 journée à plusieurs semaines – à utiliser de nouveaux modes.
L’ADEME a d’ailleurs déjà produit une étude sur le fonctionnement et les résultats des challenges.
Cécile Le Quesne et Ivana Kovacic de l’Eurométropole de Strasbourg en charge du challenge « Au boulot à vélo », faisant référence par son ancienneté (13 éditions), sa durée (1 mois) et le nombre de participants (près de 14 500 en 2022), ont présenté son historique, son fonctionnement et quelques résultats sur les effets du challenge.
Le challenge « Au boulot à vélo » s’intègre dans une politique large mise en place par la collectivité pour accompagner le développement de la pratique du vélo par une amélioration de l’offre d’infrastructures, de véhicules mais aussi de services. Un challenge a été initialement lancé par l’association locale CADR 67 en 2009 puis la collectivité a souhaité s’associer à ce projet pour proposer à partir de 2014 une action commune.
Depuis son lancement, « Au boulot à vélo » attire chaque année plus d’usagers, à l’exception des années 2020 et 2021 à cause de la pandémie de COVID. Ces années de moindre participation n’ont pas empêché que l’année 2021 soit un succès avec près de 14 500 participants et 722 entreprises mobilisés, soit près du double par rapport à 2019.
Pour connaître l’efficacité du challenge, des enquêtes sont menées auprès des cyclistes. En 2020, une étude a été menée permettant d’apprendre que :
- 34,7% déclarent que leur perception du vélo comme mode de transport a changé de manière positive depuis leur participation au challenge « Au boulot à vélo »,
- 38,3% déclarent que le challenge a augmenté le nombre des cyclistes réguliers dans leur établissement.
Après le dernier challenge de 2022, une nouvelle enquête a été fait auprès des participants pour connaître l’impact de cet événement sur leurs déplacements. Cette enquête indique que 82% des participants utilisent déjà le vélo dans leur quotidien, cependant 43% déclarent que depuis le challenge ils utilisent davantage le vélo dans leur quotidien et 97% souhaitent participer à la prochaine édition.
Xavier Brisbois, docteur en psychologie sociale expérimentale et chercheur associé au Laboratoire Ville Mobilité Transport (Ecole des Ponts ParisTech & Université Gustave Eiffel) a partagé sa grille d’analyse du choix modal.
Il est nécessaire de rappeler que les pratiques de mobilité sont intégrées à des habitudes et dans des manières d’agir que l’individu remet peu en cause. De plus, dans une logique de rationalité, il est souvent présenté que les gens choisissent le mode qui va le plus vite ou qui est le plus économique comme si ce choix était rationnel.
Or, en pratique il y a d’autres éléments qui conditionnent les choix, dont notamment ce que font les autres. Les Challenge de mobilité permettent d’appréhender cette dimension du choix et tenter de sortir d’une logique uniquement fonctionnaliste des pratiques de déplacements.
Pour Xavier Brisbois, pour que l’individu change ses façons de faire il faut qu’il passe par plusieurs étapes :
- inhiber l’habitude,
- fournir des raisons d’essayer,
- permettre de passer à l’acte.
Si les Challenges de mobilité ont des effets positifs sur la pratique du vélo des participants, il est aussi important de se poser la question des personnes qui ne sont pas touchées par le challenge.